Louis, 54 ans de militantisme et toujours sur le pont

Partagez :
Partager sur Facebook
Partager sur Twitter

A 83 ans, Louis Monneron, ancien mineur dans le Puy-de-Dôme, est toujours impliqué à l’IHSME et dans sa section locale de retraités et veuves. Il a connu la grande grève de 1963, la création de la FNME-CGT, les batailles pour le maintien de la Sécurité sociale des mines et du régime spécial de retraite. Et aujourd’hui ? Il poursuit la lutte.

C’est un de ses derniers faits d’armes, dont il n’est pas le moins fier : avoir collecté 19 signatures de maires d’anciennes communes minières du Puy-de-Dôme à une motion envoyée au ministre de la Santé, pour s’opposer à toute suppression du régime minier de Sécurité sociale. A 83 ans, dont 54 de militantisme, Louis Monneron est toujours responsable de sa section locale CGT de Retraités et veuves des mines, à Messeix. Fils d’éleveurs bovins, Louis a travaillé deux ans dans un scierie. « On était une quarantaine de salariés, il n’y avait pas de syndicat. Nous sommes allés, à deux, demander une augmentation au patron. Il a refusé, nous ne sommes pas revenus », raconte-t-il. Il se fait alors embaucher à 20 km de chez lui, en mars 1958, au puits de mine de charbon de Messeix. « Nous étions 5 000 mineurs en Auvergne, dont 850 dans mon puits », rappelle-t-il. Il se syndique en 1960 à la CGT, après que le syndicat a obtenu le maintien du ramassage en car. Mais il ne commence à militer qu’en 1968, quand on le sollicite pour se présenter sur la liste CGT au comité d’entreprise. Quatre ans plus tard, il devient secrétaire général de son syndicat local CGT des Travailleurs du sous-sol, avant d’être appelé, en 1977, pour intégrer la Fédération, par Achille Blondeau, son secrétaire général. « Je suis alors monté à Paris avec ma femme et mes deux enfants », se souvient-il.

Les promesses du candidat Mitterrand, qui n’ont pas duré

Dans le Puy-de-Dôme, il a notamment vécu la grande grève de 1963. A la Fédération, il se retrouve en première ligne dans « toutes les actions menées au niveau national contre les fermetures des mines de charbon, mais aussi de potasse, bauxite, uranium… » Puis, c’est en tant que secrétaire général de l’Union fédérale des retraités et veuves des mines, où il est élu en 1989, qu’il vit le dernier congrès, en 1998 à Gardanne, de la Fédération des travailleurs du sous-sol. L’année suivante, vient la création de la nouvelle Fédération Mines-Energie, à Grenoble. « Ça n’a pas été facile, j’ai encore la nostalgie de mon ancienne fédération, mais j’ai voté pour la création de la nouvelle. Avec le recul, on aurait peut-être même pu et dû le faire plus tôt, pour avoir une fédération plus forte au début des années 1980 », confie-t-il. Louis fait référence aux promesses du candidat François Mitterrand d’augmenter la production française de charbon. « Dans certains endroits, on a un peu réembauché mais cela n’a pas duré. En 1984, la baisse de la subvention de l’Etat à Charbonnages de France a signé la condamnation à mort de l’exploitation des mines de charbon, uniquement sur des arguments économiques », commente Louis.

« On ne peut pas dire qu’il n’y aura plus de mines en France »

Pour autant, estime-t-il, « on ne peut pas dire qu’il n’y aura plus de mines en France, puisqu’on est aujourd’hui à la recherche d’autres minerais, comme les métaux rares pour les batteries, qu’on importe ». Pour Louis, c’est une évidence : le combat continue, notamment pour le régime minier de Sécurité sociale, « qu’on a réussi à conserver en grande partie, grâce à la lutte des retraités et des veuves ». Idem pour le régime spécial des retraites : « Chirac avait porté le taux de réversion des pensions des veuves de marins à 54 %, mais il avait oublié les mineurs. Après deux ans et demi de lutte, on a gagné les 54 %, sans condition d’âge, ni de ressources. » Habitant à 60 km de Clermont-Ferrand – « à la limite de la Corrèze », précise-t-il -, Louis est venu en voisin au 7e congrès de la FNME-CGT. Si vous voulez discuter avec lui, vous avez toutes les chances de le croiser au stand de l’Institut d’Histoire Sociale Mines-Energie.

Ludovic Finez

Rejoignez nous sur les réseaux sociaux !